La friche est un terrain qui n’est pas cultivé, où poussent les fleurs sauvages et les herbes folles. Un lieu où se terre la sauvagine, et sur lequel se complaisent les dernières espèces en liberté. Un sol laissé à l’abandon, qui ne reçoit ni engrais, ni poison. Qui ignore le soc de la charrue.

Autant dire, vous l’aurez aisément deviné, que les créateurs auxquels est consacré ce modeste site ne figurent pas sur le fronton des temples de l’art officiel et labellisé. Il s’agit essentiellement de personnes de modeste condition: artisans, ouvriers, paysans ou marginaux. N’y voyez surtout pas des excentricités dépourvues de sens, ou de simples objets de curiosité. Vous vous tromperiez lourdement! Dans cette société terriblement organisée, où le cauchemar sera bientôt remboursé par la sécurité sociale, ils nous offrent le rêve! Dans un monde désenchanté, ces hommes et ces femmes nous ouvrent les portes du merveilleux. A travers ces œuvres qui conjuguent jubilation et subversion, ils révèlent une inventivité débridée. Voyons-y les manifestations d’une imagination sans borne et délivrée de toute contrainte.




Joe Ryczko.



lundi 7 février 2011

Les comparutions immédiates selon Bruno Montpied.



Critique d'art, cinéaste, écrivain et artiste peintre si j'en crois Wikipédia, il est l'hôte du Musée de la Création Franche pour trois semaines. Comment l'ignorer, lui qui, depuis deux mois, le claironne haut et fort sur la toile.  Il faut donc, toute affaire cessante, y aller voir. Embarquement immédiat pour Bègles où l'on expose ses dessins et où il s'expose au regard plus ou moins complaisant des visiteurs, comme c'est la règle. Exercice en rien inédit, l'artiste s'efforce d'exploiter le hasard et tente d'apprivoiser l'imprévu. Il s'emploie à faire surgir l'inopiné sur des petits formats ne voulant pas tuer ou tarir son inspiration. L'art immédiat, ce vieux spectre qui hante les consciences des poètes modernes, ne pouvait que séduire le grand peintre montmartrois Bruno Montpied. Il nous livre, d'une manière immédiate, tout crus, pourrait-on dire, ses moments  d'humeur. Projection immédiate que rien ne vient fausser, bien entendu. Il est poursuivi de l'idée d'un art immédiat et sans exercice, pour paraphraser Paulhan qu'il m'arrive de lire aussi. L'idée avait déjà germé chez certains émules d'Emile Goudeau et parmi les Incohérents, voilà plus d'un siècle ! Jules Lévy notamment eut l'idée "d'une expo de dessins exécutés par des gens qui ne savent pas dessiner". C'était en 1882. Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos dessins. A la vue de tant de petites merveilles, on constate que l'artiste ne peut s'empêcher de céder à la tentation de l'immédiat. Véritable religion pour notre paroissien visiblement très attaché aux écritures des grands apôtres. Montpied  a trouvé son principe dans la foi en l'immédiat. Soit. Des croyances,  on ne discute pas. Contentons-nous d'admirer  ses compositions. Devant tant de splendeurs graphiques, le souffle nous manque pour manifester l'enthousiasme qui nous étreint expressément. Voyons-y la quintessence de l'immédiateté artistique poussée à son paroxysme. Voilà bien un artiste fécond qui nous livre ses ruminations mentales, ses chimères, ses visions oniriques et quelques facettes de son imaginaire. Une oeuvre aussi prompte que subite. A n'en pas douter, l'art illico a son maestro! Un authentique va vite en besogne! Des dessins faits au pied levé. Des images qui pourraient faire de magnifiques illustrations pour livres d'enfants.

Expo du 5 février au 20 mars 2011. 
58, avenue du maréchal de Lattre de Tassigny
33130. Bègles.
Tél. 05.56.85.81.73.


[Illustration: Bruno Montpied, "Lourd de menaces", 2010. Source: Le Poignard Subtil]
 

Aucun commentaire: