La friche est un terrain qui n’est pas cultivé, où poussent les fleurs sauvages et les herbes folles. Un lieu où se terre la sauvagine, et sur lequel se complaisent les dernières espèces en liberté. Un sol laissé à l’abandon, qui ne reçoit ni engrais, ni poison. Qui ignore le soc de la charrue.

Autant dire, vous l’aurez aisément deviné, que les créateurs auxquels est consacré ce modeste site ne figurent pas sur le fronton des temples de l’art officiel et labellisé. Il s’agit essentiellement de personnes de modeste condition: artisans, ouvriers, paysans ou marginaux. N’y voyez surtout pas des excentricités dépourvues de sens, ou de simples objets de curiosité. Vous vous tromperiez lourdement! Dans cette société terriblement organisée, où le cauchemar sera bientôt remboursé par la sécurité sociale, ils nous offrent le rêve! Dans un monde désenchanté, ces hommes et ces femmes nous ouvrent les portes du merveilleux. A travers ces œuvres qui conjuguent jubilation et subversion, ils révèlent une inventivité débridée. Voyons-y les manifestations d’une imagination sans borne et délivrée de toute contrainte.




Joe Ryczko.



mardi 5 janvier 2010

Gabrielle Decarpigny.

Article paru dans "Les Friches de l’Art " numéro 32.



Elle tient une boutique de jouets à Bagnères de Bigorre, aux pieds des Pyrénées. Elle ignore tout du monde de l’art. Entre deux clients, dans l’arrière boutique, à l’abri du regard des autres, Gabrielle Decarpigny se livre à un singulier rituel. Elle s’installe à une table, se saisit d’un bout de carton ou d’une feuille de papier et attend. Bientôt sa main s’anime, à son insu, et trace d’étranges dessins. Elle crée sous dictée, sans idée préalable, ne sachant où elle va. Une force l’habite et prend possession de sa main : en quelques minutes elle décrit des volutes, des arabesques, des enchevêtrements d’où apparaissent des visages ou des silhouettes.
Au début, elle était quelque peu effrayée par les
résultats obtenus et se gardait bien d’évoquer ces expériences. Mais rassurée par une amie qui lui parle d’écriture automatique et de création médiumnique, elle va continuer à pratiquer ces séances durant des années, mais toujours dans le plus grand secret, tout en se posant maintes questions sur l’origine et le sens de ses dessins bizarres.
Un de ses proches, devenu internaute, lui parle un jour d’une galerie genevoise qui expose des œuvres curieuses. Un contact est pris avec Flora Berne. C’est le début d’une aventure nouvelle, tandis que le mystère Decarpigny demeure.


Joe Ryczko.



(Illustrations: Gabrielle Decarpigny. En haut: "les foules"; au milieu et en bas: "les entrelacs". Source: http://www.gabriellede.com/)

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