La friche est un terrain qui n’est pas cultivé, où poussent les fleurs sauvages et les herbes folles. Un lieu où se terre la sauvagine, et sur lequel se complaisent les dernières espèces en liberté. Un sol laissé à l’abandon, qui ne reçoit ni engrais, ni poison. Qui ignore le soc de la charrue.

Autant dire, vous l’aurez aisément deviné, que les créateurs auxquels est consacré ce modeste site ne figurent pas sur le fronton des temples de l’art officiel et labellisé. Il s’agit essentiellement de personnes de modeste condition: artisans, ouvriers, paysans ou marginaux. N’y voyez surtout pas des excentricités dépourvues de sens, ou de simples objets de curiosité. Vous vous tromperiez lourdement! Dans cette société terriblement organisée, où le cauchemar sera bientôt remboursé par la sécurité sociale, ils nous offrent le rêve! Dans un monde désenchanté, ces hommes et ces femmes nous ouvrent les portes du merveilleux. A travers ces œuvres qui conjuguent jubilation et subversion, ils révèlent une inventivité débridée. Voyons-y les manifestations d’une imagination sans borne et délivrée de toute contrainte.




Joe Ryczko.



mardi 14 décembre 2010

Côte d'alerte.

Les effets de la passion sur le jugement sont amplement connus pour qu'on ait à y revenir. Aussi légitime qu'elle soit, la passion trouble le bon sens et altère parfois la lucidité. C'est pourquoi, la sympathie qu'on éprouve pour les amateurs d'art brut, ne nous dispense pas de les appeler parfois à plus de rigueur, ou à plus de discernement. 
Le regain d'intérêt pour l'art brut génère de singulières dérives. Point trop n'en faut, car on finira un jour par vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Le zèle déployé par les uns est, pour le moins, de nature à entretenir une certaine confusion. tandis que d'autres, aveuglés par leur foi de nouveaux convertis, ont tendance à encenser n'importe quel gribouillis, ou le moindre bricolage dès l'instant qu'il est le fait d'hommes du commun. Cette systématisation prête quelquefois à sourire. Bien souvent, il m'arrive de ne point partager du tout ni ces engouements, ni ces enthousiasmes. Nous ne saurions nous contenter d'approximations hâtives. De même,  il est pénible de voir des amateurs se complaire dans des attitudes  d'entomologiste, ou s'enliser dans les méandres de la pensée de Dubuffet citée à tout bout de champ. Il y a des formes d'intégrisme contre lesquels il vaut mieux se prémunir. En toute chose, il faut savoir distinguer l'esprit et la lettre. Ainsi, ce n'est pas parce qu'une personne "inculte" se met soudain à créer qu'elle produit nécessairement une oeuvre extraordinaire! Les miracles requièrent des recettes beaucoup plus mystérieuses... Pour un Aïni, un Carmeil, un Modrego, combien de créateurs médiocres ou de peu d'intérêt ? Aussi utiles qu'ils soient, les multiples ateliers d'expression en apportent chaque jour la preuve évidente. D'ailleurs, l'homme du commun à l'ouvrage ne court pas les rues! Croyez-m'en! Et s'il existe, encore faut-il aller le débusquer sur son terrain de prédilection, dans son biotope oserais-je dire. Traque ardue qui exige de la patience, un regard avisé et le goût des chemins de traverse. Et quoi qu'on dise, la vocation de braconnier se perd...
Un chasseur de mes amis me racontait un jour que les faisans d'élevage lâchés dans la nature venaient volontiers picorer dans sa basse-cour pour peu qu'on y jette du grain. C'est parfois la même chose avec certains artistes... Créateurs qu'on voudrait, bien entendu, faire passer pour d'authentiques artbrutistes, alors qu'ils sont nourris, voire gavés d'art cultivé. Il semble en effet qu'on accole un peu vite l'étiquette art brut à des oeuvres qui ne le méritent pas. Cet usage intempestif, s'il abuse certains, m'indispose grandement. Prenons garde que chemin faisant, des faiseurs recyclés ne viennent se mêler à la cohorte des arbrutistes pour répondre à un marché insatiable, toujours à la recherche de nouveaux créneaux à investir. La vogue de l'art naïf nous a malheureusement habitué aux pires dévoiements et aux pratiques les plus contestables. 


[Article paru en 1990 dans les Friches de l'Art.]    

jeudi 2 décembre 2010

Cyrille-Marie Brachet et Gilles Manero au Musée de la Création Franche.


Les deux nouvelles expositions collectives du Musée de la Création Franche consacrées à Cyrille-Marie Brachet et Gilles Manero se dérouleront du vendredi 10 décembre 2010 au dimanche 23 janvier 2011. Le vernissage aura lieu le vendredi 10 décembre à partir de 18 heures, en présence des artistes (entrée libre).


Musée de la Création Franche
58, av. du Maréchal de Lattre de Tassigny
33130 BEGLES - FRANCE
Tél. : 05 56 85 81 73



Pour plus d'information, rendez vous sur le site du Musée de la Création Franche.

vendredi 26 novembre 2010

Déambulations à Paris.

Je suis passé devant le 42, rue de Seine, quand j'ai cru voir une oeuvre d'Henri Salingardes dans la vitrine de la galerie de Puybaudet. Revenu sur mes pas, j'ai pu constater que c'était bien le cas. Un curieux personnage sur une feuille de figuier. Le tout réalisé en ciment. Je n'étais pas au bout de mes surprises: à ses côtés, se trouvait un dessin de Scottie! Et puis, sur les cimaises, des montages d'Armand Avril. Etonnant. Un moment de vrai plaisir ! Pause café à la Palette. La galerie voisine, dont j'ai oublié le nom, présentait des dessins de Chaissac. Un vrai régal ! Je suis passé devant la galerie Soulié, puis en remontant la rue Mazarine, je n'ai pu m'empêcher de pousser la porte de la galerie Vanuxem qui présentait des dessins de Gaston Chaissac, d'Aristide Caillaud et de Fred Deux, entre autres. Les déambulations réservent d'agréables surprises. Nourritures terrestres au Moine Trappiste où les bières étaient excellentes. Puis cap sur le n°3, passage des Gravilliers, dans le troisième arrondissement, où Christian Berst a ouvert sa nouvelle galerie. Un très bel espace dans un quartier pittoresque. L'accrochage de Josette Rispal m'a un peu déçu. Mais le programme est prometteur. Une adresse à retenir. Sur le chemin du retour, arrêt au café Art Brut, rue Quincampoix. On y entendait le groupe rock Art Brut ! L'air du temps sans doute.

dimanche 14 novembre 2010

Jules Mougin. Merci facteur !

Le facteur-poète est décédé à 98 ans. Né dans une famille ouvrière du Nord, passé le certif, il choisit de devenir facteur en milieu rural, métier qu'il exercera toute sa vie. Proche des écrivains prolétariens et des artistes bruts, il ne cesse d'écrire et de dessiner. Il entretient également une correspondance considérable avec ses nombreux amis. Révolté, il écrit par nécessité. La rage au coeur. Il a publié une trentaine d'ouvrages dont de nombreux recueils de poèmes. Notamment chez Robert Morel, Seghers et Vodaine. Il fut l'ami de Gaston Chaissac, de Dubuffet, de Calaferte, de l'Anselme. "Il a fait avec les mots de la langue française ce que le facteur Cheval a fait avec les pierres" a écrit, à juste titre, son ami Claude Billon.

Pour saluer Madeleine Lommel.

Je me souviens de ma première rencontre avec Madeleine Lommel en 1982, à Neuilly-sur-Marne. Elle venait de créer l'association l'Aracine, avec ses deux amis Claire Teller et Michel Nedjar. Ne pouvant se résoudre à accepter le départ de la fabuleuse collection d'art brut de Jean Dubuffet pour Lausanne, ils avaient pris la folle résolution de reconstituer une collection à tout point identique à celle que l'incurie des fonctionnaires de l'art n'avait su retenir. Le pari était risqué. C'était sans compter sur le caractère impétueux, tenace et résolu de Mme Lommel. Elle ne compta ni son temps ni sa peine pour atteindre son objectif. Dans le milieu des années 70, les trois protagonistes avaient déjà commencé à réunir quelques pièces. L'association n'avait pas le sou. La mairie de Neuilly-sur-Marne avait mis à leur disposition le sous-sol d'une vieille bâtisse bourgeoise appelée "Château-Guérin". Avec des moyens très modestes, Madeleine Lommel se lança dans l'aventure. Elle sut compenser ce handicap par une intense activité. Sans relâche, elle parcourut les routes de France pour retrouver les créateurs bruts et collecter leurs oeuvres. Elle se livra à une quête passionnée et avec l'aide de ses amis s'acharna à réunir des pièces de qualité. Pour ce faire, elle n'hésita pas à traverser le pays pour récupérer des oeuvres dignes d'intérêt. Elle fit des découvertes et s'efforça de susciter des dons. Avec les maigres ressources de l'association, elle trouva le moyen de faire des acquisitions remarquables, n'hésitant d'ailleurs pas à piocher dans ses propres économies. Rigoureuse dans ses choix, tenace, toujours sur la brèche, elle parvint au bout de 20 ans à réunir une magnifique collection. Jugez-en : Adolf Wölfi, Aloïse, Hodinos, Augustin Lesage, Jeanne Ruffié, Jules Leclercq, Raphael Lonné, Madge Gill, Emile Ratier, André Robillard, Henri Darger, Carlo Zinelli, et bien d'autres. Que de chemin parcouru depuis le sombre sous-sol du Château-Guérin jusqu'au superbe et lumineux musée de Villeneuve d'Ascq! Il me souvient qu'à l'époque, certains esquissaient un air entendu devant les ambitions affichées par Madeleine Lommel et ses amis. Et pourtant les faits sont là : 3900 oeuvres dont celles des figures emblématiques de l'art brut. Une réussite incontestable. Un tel ensemble méritait un bel écrin, réalisé de belle manière par l'architecte Manuelle Gautrand. Originaire du Nord où les peintres spirites sont nombreux, Mme Lommel sut convaincre les membres de l'association de faire une donation au musée de Lille métropole. C'était la seule manière d'assurer la mise en valeur et la pérennité de la collection. Grâce aux conseils éclairés d'Henri-Claude Cousseau, le transfert s'effectua en 1999. Il est regrettable que Madeleine Lommel n'ait pu assister à l'inauguration du LaM le 25 septembre 2010. En effet, elle décéda en 2009, à l'âge de 86 ans. Mais son rêve était enfin devenu réalité.


[Photo: Clovis Prévost.]

mardi 28 septembre 2010

Visions et créations dissidentes. Musée de la Création Franche. Bègles. Du 25 septembre au 28 novembre 2010.



Comme chaque année en pareille saison, le Musée de Bègles nous invite à découvrir des créateurs aux coudées franches. Ils sont huit, et se nomment Gwenaëlle Clabault, Anne-Marie Gbindoun, Kim Nawara, Huub Niessen, Fanny de Oliveira, Serge Paillard, Jean Nicolas Reinert et Giuseppe Barocchi. Les travaux de ce dernier me semblent tout à fait remarquables. L'homme vit à Florence et a été exposé par la Tinaîa. Ses dessins représentent la lutte entre le bien et le mal. Il utilise des feutres, des crayons de couleur et travaille sur papier cartonné. Ses compositions mêlent dessin et écriture. Elles s'avèrent particulièrement originales.
Dans le catalogue, on lira avec intérêt la préface de Noël Mamère qui appelle de ses voeux la création à Bègles d'un pôle culturel international. L'ouverture du Musée d'Art Brut à Villeneuve d'Ascq fait des émules. Il faut s'en féliciter.







samedi 24 juillet 2010

Bègles: un autre regard.




Du 11 juin au 5 septembre 2010, le Musée de la Création Franche propose une exposition qui se veut un nouveau regard sur le fonds bèglais. Le choix s'est porté sur 300 oeuvres réparties en une dizaine d'espaces. La collection enrichie par de nombreux dons compte des pièces remarquables. J'ai noté la présence de quelques galets sculptés par Jean Pous, et d'une multitude de dessins de Pépé Vignes. J'ai apprécié les oeuvres de Marcelo Modrego et j'ai revu avec plaisir les deux manèges d'Emile Ratier. Les sculptures de Jean Dominique sont mises en valeur et c'est heureux car il demeure la figure emblématique de l'art brut périgordin, et à ce titre, mérite d'être mieux connu. Nous pourrions en dire autant de René Guisset dont les oeuvres sont étonnantes. Les dessins de Jean-Marie Heyligen sont également dignes d'intérêt. J'ai eu également la surprise de découvrir deux étranges dessins de Burnat-Provins.

Les apparentés, ceux qui sont sous le vent de l'art brut, sont bien représentés. Sur les cimaises du rez-de-chaussée, on peut voir d'intéressants dessins de Gérard Sendrey, de Claudine Goux, des lièges de Claude Massé, des oeuvres de Michel Nedjar, des semelles d'Alain Pauzié et des peintures d'Alain Lacoste. Dans un coin, une belle toile colorée de Kurt Haas. Au détour d'un panneau, je me suis trouvé devant un superbe dessin polychrome de Jacques Receveur, créateur au destin tragique. Dans une salle du haut, un dessin inattendu de Madeleine Lommel. M'est revenu soudain le souvenir de mes visites au sous-sol du château Guérin, à Neuilly-sur-Marne. Dans le cabinet de curiosités, j'ai été sensible aux univers poétiques de Gilles Manéro et de Paul Duchein. Jean Tourlonias est aussi de la revue, mais avec un seul bolide seulement. Jean Vodaine n'est pas oublié. C'est vraiment jour de fête à Bègles! Un vrai feu d'artifice. Cela dit, je veux saluer la générosité de tous ces créateurs qui ont consenti des dons importants au Musée. Et notamment Claude Massé, l'homme des patots et grand collectionneur.

De cette visite, on sort avec une certitude: se trouve-là une très riche collection. Un louable effort pour améliorer l'accrochage a été fait. De même, la tentative d'améliorer la lisibilité de l'ensemble est à mettre au crédit de l'équipe bèglaise.

[Illustration: Alain Lacoste.]

samedi 17 juillet 2010

"Au-dessous des volcans" présente les "outsiders" à la chapelle Marmontel de Mauriac.


Du 7 août au 5 septembre 2010, la chapelle Marmontel à Mauriac, commune du Cantal, accueillera une sélection de créateurs apparentés aux aoûtsideurs dont les oeuvres sont présentes dans de nombreuses collections. C'est l'association cantalienne "Au-dessous des volcans", qui est à l'initiative de cette exposition. Elle a pour objectif de faire découvrir en zone rurale une expression artistique encore trop méconnue. Parmi les invités, on retrouvera notamment: Kurt Haas, Carles-Tolra, Jean-Michel Chesné, Michel Nedjar et Ruszczynski.

Informations:
Association Au-dessous des Volcans
Jailhac 15380 Moussages
Tel. : +33 06 64 84 68 68 / 04 71 40 06 18
Mail: audessousdesvolcans@hotmail.fr

vendredi 16 juillet 2010

Art postal en Quercy: Méli... Mail-Art à Saint Simon.



Le Foyer rural de Saint Simon, petite commune du Lot, organise du 30 juillet au 12 août 2010, une exposition d'art postal. C'est l'occasion de découvrir une partie de la collection d'enveloppes illustrées, notamment celles de Michel Julliard, Geha, Pierre Albasser, Jean-Michel Chesné, Marie Morel, Marc Pessin, Louis Pons, et bien d'autres. Ne manquez pas la conférence de Jean-François Maurice sur le thème de l'art postal, le samedi 31 juillet!

Pour plus d'infos, vous pouvez:
- consulter en ligne l'agenda du Lot en Action
- envoyer un courrier électronique à l'adresse suivante: fdfr46@orange.fr
- téléphoner au 05 65 40 48 75
- envoyer un courrier postal à l'adresse suivante: "Foyer rural, 46320. St Simon. Lot."

samedi 10 juillet 2010

Gustave Cahoreau expose dans son village, à la médiathèque d'Evron (53) du 6 au 30 juillet 2010.


Qui a dit que nul n'est prophète en son pays? Gustave Cahoreau fait mentir le dicton. La médiathèque d'Evron, son village natal, expose ses œuvres. Bel hommage à l'homme du commun à l'ouvrage. Des dessins et des totems que nous pourrons voir en septembre au Musée de Lille métropole.

Horaires d'ouverture de l'exposition:
Mardi 14h - 18h
Mercredi 10h - 12h // 14h - 18h
Jeudi 16h - 18h
Vendredi 16h - 18h
Samedi 10h -12h30 // 14h - 18h
Informations complémentaires au 02.43.37.25.40.

mardi 6 juillet 2010

Légufrulabélosophie IV: Chaix expose au Musée des Arts Buissonniers


Chaix est un drôle de client. Vous croyez qu'il lorgne sur vos légumes ? Naïfs que vous êtes ! Marchands des quatre saisons, commerçants du quartier St Paul, restez sur vos gardes! Tandis que vous pesez votre kilo d'oranges, Chaix vous dérobe vos étiquettes. Tandis que vous vantez la qualité de vos fruits, Chaix vous subtilise encore des étiquettes. En toute impunité. Et tout cela, pour alimenter sa coupable industrie: ses collages !





En la matière, reconnaissons qu'il est un virtuose. Nul doute. Son oeuvre, inspirée de la légufrulabelosophie dont il est également le créateur inénarrable, se révèle tout à fait remarquable. Et d'une étonnante créativité. Mieux: son humour est ravageur. Il n'a pas son pareil pour accommoder les étiquettes. Voilà un créateur qu'il faut aller découvrir au Musée des Arts Buissonniers de Saint Sever du Moustier où il expose du 19/06 au 19/09/2010.




Je ne résiste pas au plaisir de citer sa prose si particulière: "Chaix a mis au point les fondements d'une discipline assise sur les vertus cumulées du marketing agroalimentaire, du vol en série et de la quête d'une harmonie en ce monde. L'oeuvre chaixien est exclusivement composé d'étiquettes de fruits et, dans une moindre proportion, d'étiquettes de légumes, escamotées une à une aux étals de la zone opérationnelle de cueillette chaixienne. Cet art noble s'est épanoui au fil du temps, alimenté par le tourisme de supermarché et par les rapines perpétrées à l'étal de marchands de primeurs."
C'est pour cela que Chaix est grand !




[Illustrations: Chaix. De haut en bas, "Un pigeon s'aimait d'amour tendre"; "Les clefs du chamanisme managérial"; "Ganesh se la pète". Source: http://www.chaix-et-les-etiquettes.com/]

vendredi 2 juillet 2010

Arts buissonniers à Saint Sever du Moustier.




L'Aveyron n'est pas le désert culturel que l'on pourrait croire. Chaque été des troubadours y font entendre leur petite musique. Cette année, on peut découvrir au Musée des Arts Buissonniers de Saint Sever du Moustier, des créateurs remarquables. La manifestation vaut le détour. Si vous passez par là, arrêtez-vous y! Le pays est magnifique.


[Illustration: "L'abominable slalom des neiges" de Chaix.]


dimanche 27 juin 2010

Sanfourche, oeuvres d'une vie




Les artistes ne meurent jamais. Bertrand de Viviés, conservateur du Musée des Beaux-Arts de Gaillac, nous invite à voir l'exposition consacrée à Sanfourche, récemment disparu. Elle se tiendra du 25 juin au 20 septembre 2010, au château de Foucaud. Pour ceux qui connaissent mal la géographie, Gaillac se situe dans le département du Tarn, au coeur d'un vignoble renommé. Il va de soi qu'on ne présente plus Sanfourche, connu de tous. Certaines de ses oeuvres sont également visibles au Musée municipal de Bègles.

[Illustration: Sanfourche. Source: bibssuruntapisvolant.wordpress.com.]

lundi 21 juin 2010

La « Pinturitas » d'Arguedas, par Hervé Couton.


Née le 10 janvier 1950 à Tolède, Maria Angeles Fernandez dite « La Pinturitas » vit et peint à Arguedas, petit village de Navarre en Espagne.





La « Pinturitas » n'est pas un peintre ordinaire car elle ne peint que sur un seul et unique support, les murs d'un restaurant désaffecté situé au bord de la route qui traverse le village. Elle utilise des pots de peinture à l'eau que l'on distribue aux enfants des écoles, qu'elle paye 65 centimes d'euro l'unité et se limite le plus souvent aux couleurs primaires.




Sa peinture ne tolère aucun espace vide et se caractérise par un enchevêtrement de maisons aux larges fenêtres, de corps et de visages « grotesques » imbriqués. Les personnages que des inscriptions éparses, souvent stylisées, parfois en formes d'animaux, viennent sensiblement aérer, ont des yeux ciliés, fixes et proéminents, une chevelure souvent formée par des corps d'animaux; taureaux, oiseaux, serpents et où les lèvres, qui découvrent de grandes dents blanches, sont parfois représentées par des poissons.





Vivant de petits boulots pour la mairie et d'une modeste pension sociale, la « Pinturitas » se refuse de peindre sur tout autre support et pour quiconque, considérant que sa peinture doit rester à Arguedas.




Théâtrale et volubile, avec un fort désir de reconnaissance, la « Pinturitas » décrit avec beaucoup de passion sa production à tout passant qui accepte de lui donner du temps. Chaque partie de cette œuvre unique raconte une petite histoire populaire locale, nationale, ou personnelle. Les thèmes évoqués peuvent aller du football où tel nom de joueur est mis en valeur, à la représentation des couleurs de tel ou tel pays en passant par des noms de villes, de personnages divers, ou par des représentations religieuses.





Les barreaux des fenêtres condamnées du bâtiment ont été utilisés par elle, pour coincer et exposer des objets récupérés, mélange hétéroclite de publicités, d'articles de journaux, de bouteilles de sodas... etc ... Aujourd'hui, les barreaux ont disparu car récupérés et vendus par quelques ferrailleurs, détruisant ainsi les compositions de la « Pinturitas ».





En proie au mépris et aux moqueries d'une partie de la population locale, dûs à son comportement marginal, Maria Angeles dit avoir commencé à peindre en 2000 sur les murs de ce bâtiment pour représenter ceux qui se moquaient et la raillaient. Elle raconte qu'elle a dormi un temps dans le cimetière local et qu'elle a moins peur des morts que des vivants. Marquée dans sa vie personnelle par des épreuves lourdes – les services sociaux lui ont retiré ses enfants quand ils étaient encore jeunes à cause d'une instabilité et d'une précarité familiale - la « Pinturitas » se serait alors réfugiée dans la peinture peut être pour ne pas sombrer.





Aujourd'hui, rien n'arrête cette créatrice infatigable, qui s'applique, hiver comme été à transformer, enrichir, embellir et restaurer avec attention et passion ses peintures que la pluie délave régulièrement.




Hervé Couton - avril 2010



[Photographies: Hervé Couton.]

vendredi 18 juin 2010

Armand Avril



De passage à Paris, j'ai pu me rendre à la galerie Laurent de Puybaudet pour y voir l'exposition consacrée à Armand Avril. Voilà un personnage des plus insolites. Apprenti berger en 1942, puis manoeuvre, il commence à peindre vers 1956. Son père collectionnait déjà des objets primitifs. Dans les années 60, il séjourne en Afrique noire. Ce voyage le marquera à jamais. En 1966, il a l'occasion de connaitre l'oeuvre de Gaston Chaissac. Il s'intéresse aussi à la démarche de Casimir Malévitch. Ses premiers assemblages réalisés à partir de bouchons, de capsules, de pinces à linge voient le jour en 1970. Il se passionne pour l'art esquimau, l'art océanien et l'art indonésien. Ses compositions à la facture brute, à l'aspect primitiviste, mêlent humour et sacré, gravité et légèreté. On y retrouve le goût des couleurs cher aux peintres du mouvement Cobra. Voilà donc un créateur à part, inclassable, qui trouve son inspiration à diverses sources et nous offre une oeuvre particulièrement intéressante.


mercredi 26 mai 2010

Jean-Michel Chesné expose à l'atelier de Joseph Kurhajec ce samedi 29 mai 2010.


Portes ouvertes à l'atelier de Joseph Kurhajec 58 rue Didot, 75014 Paris (Métro Plaisance).
Jean-Michel Chesné y expose ce samedi 29 mai 2010 de 14h à 18h.

lundi 10 mai 2010

Jean-Michel Chesné. "L'art à la cave et au jardin" à Villiers sur Loir du 13 au 16 mai 2010.



Vous pourrez retrouver Jean-Michel Chesné lors des portes ouvertes de la coopérative viticole de Villiers sur Loir où il exposera avec d'autres artistes du 13 au 16 mai 2010.

L'occasion de venir déguster également les vins du Vendômois.

mercredi 5 mai 2010

Frédéric Allamel: "Imaginaires Zinguifères". Variations autour de Fernand Michel, artiste-zingueur.


« Artiste résolument hors normes et à la frontière de l'art brut, Fernand Michel demeure étroitement associé à son matériau de prédilection: le zinc. Explorant les possibilités inépuisables de cette matière d'autant plus insolite qu'elle en devint exclusive, son œuvre zinguée révèle un imaginaire des plus féconds, où le profane côtoie le sacré, et où la poésie de Saint-John Perse voisine avec les bestiaires fabuleux d'Henri Michaux. De ses poupées plantureuses et vertigineusement fétichistes jusqu'aux gravures illustrant des poèmes de Raymond Queneau, en passant par l'architecture et ses "peintures d'une nuit", ce livre est conçu à la manière d'un catalogue irraisonné, au diapason du personnage, flamboyant et qui fit de l'esprit surréaliste un art de vivre de tous les instants. »

[Contact: "ADABS" Association pour le Développement de l'Art Brut et Singulier, 8 rue de Lunaret 34000 Montpellier. Tél. : 04 67 66 32 40 - Fax : 04 67 60 60 27.]

samedi 1 mai 2010

Accostez avec Lacoste!

Le musée d’Art Naïf de Laval présente, jusqu’au 4 juillet, une très belle rétrospective de l’œuvre d’Alain Lacoste. Le visiteur y découvre, à travers une sélection rigoureuse et un accrochage particulièrement réussi, plus de quarante ans de création. Cet événement est exceptionnel car Alain Lacoste est un des précurseurs, en France, de cet art appelé ‘Singulier’, mais son travail est très rarement montré. «Les artistes ne sont pas faits pour amuser la galerie» aime-t-il nous dire, avant de rajouter : «Je me suis trop souvent brûlé les ailes aux vitrines des m’as-tu vu». Madame Antoinette Lefalher, responsable du Musée de Laval, a su le convaincre de nous montrer son travail.
Alain Lacoste est originaire de cette ville de Laval (Mayenne): contrée qui a vu naitre Le Douanier Rousseau, Henri Trouillard, Robert Tatin, et plus près de nous : Antoine Rigal, Gustave Cahoreau, etc… On peut se poser la question sur le pourquoi de ce creuset de créateurs «Hors Les Normes» en Mayenne? Il y aurait tout un travail à effectuer sur ce sujet, et le Musée d’Art Naïf de Laval, par cette exposition sur Alain Lacoste, montre son intérêt pour cette mouvance artistique. Nous constatons que l’Art Singulier est rejeté par les institutions présentant l’art ‘officiel’ et, parallèlement, il est également rejeté par les institutions présentant l’Art Brut (Lausanne, Villeneuve d’Ascq). Voilà donc ces auteurs d’Art Singulier devenus les plus marginalisés… Alors, pourquoi pas une forte ouverture du musée de Laval à cette forme d’Art? Laurent Danchin, auteur de nombreux articles et livres sur le sujet, et présent au vernissage de cette exposition, ajoutait: « Si cela ne se fait pas à Laval, cela se fera ailleurs … ».


Michel Leroux.


Monsieur Guillaume Garot, Maire de Laval, s’entretenant avec Alain Lacoste. Discutent-ils de l’ouverture d’un Musée d’Art Singulier à Laval?

Visitez le site des musées de Laval pour obtenir plus d'informations sur la rétrospective de l'oeuvre d'Alain Lacoste.

[Photographie: Michel Leroux.]

mercredi 28 avril 2010

Gérard Sendrey: "Fais moi un cygne".




« Fais moi un cygne »

Dessins de Gérard Sendrey.

Du 21 mai au 21 juillet 2010,
Au Couvent des Méduses,
51 avenue Louis de Foix,
64100 Bayonne.

Le vernissage se tiendra le samedi 22 mai à 18h en présence de l’artiste.

Un aperçu de l'homme et de ses créations dans cette entrevue enregistrée à l'occasion d'une rétrospective de l'oeuvre de Gérard Sendrey organisée au sein du Musée de la Création Franche de Bègles, en début d'année 2010. (Source: francetv.fr/culturebox).






Pour plus d'informations rendez-vous sur le site du Couvent des Méduses, (désormais sur le site du Poteau Rose) où se tiendra l'exposition.

vendredi 9 avril 2010

Alain Lacoste. "Les lacosteries".

Article paru dans "Les Friches de l'Art" numéro 15.


J’ai toujours aimé ses compositions hardies. Ses lacosteries pleines de drôlerie ou de pure fantaisie m’enthousiasment. Le personnage facétieux, parfois loufoque, mais qu’on devine austère, aime à manier la plume. Ses aphorismes, ses sentences, ses pensées calamiteuses font mouche. Ses propos à la fois lucides, légers, et graves révèlent une personnalité des plus insolites. Lacoste a le goût de la voltige et cultive l’art de la pirouette. L’homme redoutable, promène un regard sans concession sur la création contemporaine et sur lui-même. Attitude certes mal commode mais combien salutaire.

Joe Ryczko.


A découvrir ci-dessous, quelques écrits et dessins d'Alain Lacoste:




A L A I N F L A N E R I E S


Pierre peint le cœur des pierres.

Pétrir, pétrification, putréfaction.

La mer a besoin de la plage pour devenir artiste.

Ecolos, laissez nous quelques déchets.

Ce qui est arrivé est trop évident.

Pousser l’anthropomorphisme jusqu’à l’absurde.

Mon problème, ce n’est pas le multiple, c’est le singulier.

Gargantua de papier.

Grand pendeur d’andouilleries.

Certains jours on grapille dans l’atelier.

Imiter la nature non dans sa relativité mais dans ses procédés (les montagnes, les plages, les racines).

Trop de blanc nuit.

Dans la précipitation on fait les meilleures choses.

Les artistes romans eux aussi, ils faisaient les arbres comme des feuilles. La feuille n’est pas l’arbre mais le résumé.

La bûche a déjà une forme de flamme.

Nos armoires ont toujours grincé, Dieu merci.



Alain Lacoste.